Summertime blog tour

extrait

Blog tour
Summertime de Jacinthe Nitouche et Fleur Hana sort le 1er avril, pour cette occasion EDB organisent un blog tour qui consiste à diffuser un extrait du roman, chaque jour de la semaine. Vous pourrez ainsi découvrir les deux premiers chapitres d’une manière très originale. Ils sont ingénieux chez EDB! Aujourd’hui c’est mon tour de vous faire découvrir un extrait.

Le précédent extrait se trouve chez 1001 pages icihttps://milletunepages.wordpress.com/ et la suite sera publiée demain chez La bibliothèque de Mia ici : http://hibiscus971.eklablog.com/
Extrait

« Il me sert une tasse de thé. J’aurais bien aimé m’affranchir de cette habitude familiale, mais je ne supporte pas le café. Ce qui me rassure est que je ne suis pas la seule à en boire, ici. Même si je me doute que ça ajoute une couche à mon statut de bourgeoise. Il y a certaines choses qu’on n’arrive pas forcément à dissimuler. Surtout quand on débarque dans un quartier où les gens n’ont rien et ont l’habitude de ne rien avoir. Ils flairent de suite quand on est né avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Ce qui est presque vrai, ma marraine s’est pointée à la maternité avec une timbale et une petite cuillère en argent, gravées à mon nom et ma date de naissance. Je les ai revendues depuis des lustres.

— Je sors, tu m’accompagnes ? Tu peux en profiter pour commencer tes recherches.

— D’accord.

Nous longeons les arcades de cette ancienne caserne où tous les paumés du coin ont élu domicile. Les communautés gitane et junkie de Saint-Jacques s’y mêlent selon un accord tacite qui stipule que tant que tout le monde fout la paix à tout le monde, la cohabitation est pacifique. Nous marchons quelques rues et arrivons sur la place Cassaynes. Je repère une bande de types dans un coin, des dealers, sans aucun doute. Ils sont peut-être les caïds du quartier, le type à côté de qui je marche reste cependant leur boss. Celui qu’on respecte, avec qui on ne cherche pas la merde… Ce qui m’évite des remarques sur mon passage, ils n’osent même pas me regarder, à dire vrai. Maxime n’est pas effrayant comme type quand on le croise comme ça. Il est grand, mince, a l’air en bonne santé. Il ne touche lui-même pas à tout ce qu’il vend, c’est ce qui fait de lui un bon leader, d’ailleurs. Un pétard de temps en temps, tout au plus. Défoncé comme le sont la plupart de ces types, il ne survivrait pas longtemps. Il porte ses cheveux coupés courts, un peu à la sauvage quand même. Il n’est pas spécialement beau, il a ce charme distant et inquiétant qui m’a attirée au début. Charme qui correspond bien à son caractère, finalement. Je l’ai vu péter les plombs à plusieurs reprises et j’étais bien contente que ce ne soit pas à cause de moi. Je ne le connais que depuis un mois et je l’ai déjà observé à l’oeuvre. Assez pour savoir que je ne dois jamais lui tourner le dos ou essayer de lui faire un coup de pute. Car son calme apparent cache un fou furieux qui n’est pas arrivé au sommet en faisant dans la dentelle.

L’idée de trouver un taf ne me déplaît pas. J’aime assez la perspective d’être indépendante. J’ai mes économies, mais je refuse de toucher un seul centime qui vient de mes parents. Je ne pouvais pas partir à poil, j’ai juste embarqué mes fringues. Un sac de voyage seulement. Alors oui, Maxime a raison, mes vêtements sont de bonne qualité. Ça ne veut pourtant rien dire. Obtenir tout ce qu’on veut, quand on le désire, sans avoir à lever le petit doigt, ou presque, ce n’est pas ça, la vie. Bien sûr, je vois des tas de gens sur mon passage qui donneraient n’importe quoi pour avoir ne serait-ce qu’un centième de ce que je possédais. Ils ignorent juste que tout ça, c’est vide, c’est du vent. Moi, je le sais, et c’est pour ça que je suis là. Et pour m’éclater, aussi. Pauvre petite fille riche… diraient certains. Je les emmerde.

— Je te laisse là, tu m’appelles s’il se passe quoi que ce soit.

Il me fait promettre ça à chaque fois que nous sommes séparés.

Je lui souris et il se penche pour m’embrasser.

— Je te retrouve à la maison.

La maison…

Le squat est surpeuplé, même si je profite de la chambre privée de Maxime. Nous piratons l’eau et l’électricité, la propreté y est plus que douteuse et il est presque impossible d’y avoir une intimité d’aucune sorte. Et pourtant, je m’y sens déjà plus chez moi que dans les cinq-cents mètres carrés où j’ai vécu pendant vingt-deux ans. »

Cet extrait vous a plu? Découvrez ma chronique de Summertime en cliquant sur l’image.

EDB - Summertime - Nitouche et Hana - couv e-book (1)

Rendez-vous le 1er avril pour la parution du roman ou au stand EDB au salon du livre de Paris.

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