Sauver les apparences, même quand tout au fond de vous crie à se damner, continuer à sourire même quant au fond de vous, coulent des rivières de tristesse. Je me pose tant de questions, des questions qui toutes commencent par un pourquoi. J’ai l’impression que toute ma vie j’ai vécu en boucle le même scénario qui s’est répété encore et encore, quand je ferme les yeux, je me vois toujours entourée d’une foule au regard accusateur, un regard qui renie en bloc mon existence, ce que je suis. J’ai beau changer cela ne change rien à leurs yeux, j’ai beau essayer de m’adapter, de me reconditionner, à me plier à ce qu’ils voudraient que je sois, j’ai beau refouler au plus profond de mon être mon véritable Moi, cela ne sert à rien. J’ai réalisé bien assez tôt que ma différence allait me valoir de vivre en marge de ma société, ma soi-disant intégration, socialisation n’était qu’un leurre, je n’ai jamais pu trouver ma place nulle part.
Tout a commencé à l’enfance, je ne sais pas pourquoi j’ai très vite développé une personnalité qui ne correspondait pas aux canons usuels. Je rêvais d’autres mondes, j’avais mon propre univers, dès mon jeune âge je n’arrivais pas à suivre le troupeau car je voulais être unique. Mais la différence ne pardonne pas dans une société où c’est le collectif qui prime. La petite fille que j’étais ne comprenait pas pourquoi elle se faisait persécuter.
Ma scolarité est une période bien floue, j’en ai gardé des impressions, des flashs… Lors de mon premier jour d’école, c’est maman qui s’est chargée d’accompagner la petite jiji, elle était terrifiée, elle pleurait à chaudes larmes, elle avait vécu cela comme sa première expérience d’abandon. Elle accusait maman de vouloir se débarrasser d’elle, elle l’accusait de ne pas être sa vraie maman, sa vraie maman, disait-elle habitait dans un autre pays. Elle voulait revoir papa, c’était lui qu’elle aimait le plus au monde.
J’ai l’impression que la petite jiji est une autre personne ou encore une part de moi-même que j’ai refoulée, je ne sais pas mais je pense ne pas être capable de lui prêter mon je. Ce je, est le sien aussi, peut-être pas, cela est assez problématique.
Djihane S.
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