Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique

Je tiens à remercier les éditions Belfond pour cette lecture.

Titre: Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique
Auteure: 
Balli Kaur Jaswal
Traducteur: Guillaume Tricot
Éditeur: Belfond
Collection: Le cercle Belfond
Nombre de pages: 352
Catégorie: 
roman contemporain
Parution : 03/05/2018

Résumé

Agée d’une vingtaine d’années, Nikki vient d’abandonner ses études et travaille dans un pub en attendant de trouver sa voie. Une émancipation peu courante pour une jeune femme sikh. Jusqu’au jour où, partie déposer une annonce au temple de Southall pour sa sœur en quête d’un mariage arrangé, Nikki tombe sur une étonnante offre d’emploi : on cherche une enseignante pour donner un cours de creative writing à un petit groupe de femmes siks. Elle aime lire, elle aime écrire, elle saute sur l’occasion.
Mais alors qu’elle pensait animer un atelier d’écriture à des apprentis auteurs, elle se retrouve face à une poignée de femmes majoritairement analphabètes, délicieusement déchaînées, bien décidées à parler d’érotisme et à partager leurs expériences amoureuses et familiales, souvent comiques, parfois bouleversantes, mais toujours pleines d’humanité…
Quand un banal club de lecture devient le théâtre des plus incroyables révélations… Au croisement entre Joue-la comme Beckham, Kaboul Beauté et Sept mers et treize rivières, un roman d’ empowerment féminin grand public, qui questionne avec originalité et peps la place des femmes et le poids de leur voix dans une société dominée par la religion, la tradition et les hommes.

Avis

Nikki est une jeune Londonienne d’origine sikh. Elle abandonne ses études de droit et travaille dans un pub en attendant de trouver sa voie. Seulement, la jeune femme doit porter le poids de sa décision vis à vis de sa famille, très conservatrice qui désapprouve son besoin d’émancipation. Elle quitte la maison familiale pour s’installer seule et dans la foulée trouve un emploi d’animatrice d’atelier d’écriture dans le centre communautaire hindou. Nikki n’est pas au bout de ses surprises quand elle se rend compte que ses élèves sont des veuves qui veulent raconter et améliorer les histoires érotiques qu’elles imaginent.

J’ai bien aimé cette lecture qui m’a fait sourire mais aussi réfléchir. Le premier élément qui nous fait apprécier ce texte est son humour. Ces dames, gardiennes de la tradition et des valeurs de leur communauté, se dévergondent le temps d’un atelier. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ont une imagination très fertile. Le lecteur découvre les récits de ces femmes, en même temps que Nikki qui ne sait plus où se mettre. Des histoires d’amour délurées et sans tabous entre des maris et leurs femmes, ou encore des histoires d’infidélités et de rencontres hors mariage.

La relation que Nikki va tisser avec ces femmes est attendrissante et les ateliers leur apportent un instant de liberté tant convoité. Toutefois, Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique n’est pas seulement un titre fait pour nous faire passer un bon moment en compagnie de ces veuves délurées, c’est aussi une réflexion sur le statut de la femme et le poids des traditions qui peuvent vite devenir étouffantes au sein des communautés hindoues. Cela peut s’appliquer à toutes les sociétés traditionnelles qui exigent à ses membres d’effacer son individualité au profit du groupe.

Nikki ne se conforme pas à ce que l’on attend d’elle. Elle ne veut pas se trouver un mari et respecter les traditions qui bafouillent souvent les droits de la femme. Féministe dans l’âme, elle n’a pas pour autant envie de renier ses origines mais plutôt de trouver un juste équilibre entre modernité et traditions. D’ailleurs, à travers les histoires des veuves de l’atelier et le secret qui doit entourer leur activité, le lecteur ressent ce malaise autour de la sensualité et la sexualité des femmes dans cette communauté. Jeune, âgée ou veuve, la femme doit être un ornement dans un foyer. Se taire, ne pas exprimer ses désirs et assouvir les désirs des hommes sans rechigner.

Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique est un roman où l’on retrouve de la légèreté à travers les récits érotiques de veuves en quête de liberté mais également une réflexion sur le statut de la femme dans les communautés hindous et le poids des traditions qui peut vite déraper en violence, crime d’honneur, etc. J’ai bien aimé cette lecture, drôle, engagée et féministe.

Djihane S.

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