Clean

Je tiens à remercier les Editions Hachette pour cette lecture.

Titre: Clean
Auteure: Juno Dawson
Traductrice: Alice Delarbre
Éditeur: 
Hachette
Collection: Young adult
Nombre de pages: 380
Parution : 20/06/2018

Résumé

« Visage écrasé contre le cuir. Odeur de voiture neuve. Je ne peux pas bouger. J’ai été kidnappée. Je ne peux pas bouger. J’ouvre les yeux. Ça fait mal. Mais j’aperçois mon frère, Nikolai. ? Nik ? ? Tout va bien, Lexi, je vais te trouver de l’aide. Oh, putain, cette fois, il l’a fait. Il a décidé de me sauver. » Voilà comment je me suis retrouvée coincée au Clarity Centre, un hôtel de luxe pour les accros en tout genre. Pour moi, c’est un peu Alcatraz avec un spa.
Chacun son poison. Pour Ruby, c’est la bouffe. Pour Kendall, c’est l’excès inverse. Pour Saif, c’est la drogue (aucune originalité), comme moi. Et Brady… Brady, le beau gosse de service, c’est un grand mystère. Bref, on forme une belle bande de déglingués. Et la nouvelle venue, Sasha, semble encore plus tarée que les autres. La grande question : sommes-nous prêts à être clean ?

Avis

Lexi n’a que 17 ans mais elle est déjà toxico. Après la dose de trop, son frère Nik, la récupère inconsciente pour l’emmener dans un centre de désintoxication pour adolescents. Lexi n’est pas du même avis et se bat comme une diablesse pour repartir avec Nik mais il est bien décidé à l’aider à résoudre ses problèmes d’addiction. Au début, c’est l’enfer sur terre pour la jeune fille.

Je ne sais pas vraiment comment vous parler de ce roman, c’est un ovni. J’ai adoré l’expérience de lecture intense qu’il m’a offert. Dès les première pages on est introduit dans un univers sombre qui montre, sans prendre de gants, l’envers du décors de la drogue mais aussi de toutes les autres addictions: alcool, sexe, nourriture, médicaments, etc. J’ai trouvé d’ailleurs extrêmement intéressant de proposer un tel livre aux adolescents: il leur offre une leçon de vie sans prendre un ton moralisateur mais tout simplement en montrant la vérité moche et trash, comme on peut le remarquer à travers les paroles de Lexi:

« Pourquoi on ne peut pas être honnête et dire: « la drogue, c’est dément, jusqu’à ce qu’on passe à ça de clamser, qu’on se fasse enlever par son frérot et qu’on se mette à chier au lit. »? Ou jusqu’à ce qu’on ressemble à un cadavre ambulant ? Ou jusqu’à ce qu’on perde des litres de transpiration? Ou jusqu’à ce qu’on propose quasiment une faveur sexuelle à un infirmier pour se défoncer »

Clean nous montre aussi la dérive de certains gosses de riches qui par ennui ou parce qu’ils le peuvent, sombrent dans toutes sorte d’excès jusqu’à ce qu’ils se transforment en loques humaines. Lexi va devenir dépendante aux opiacés et son histoire on la suit dans le présent durant sa cure mais également dans son passé pour que l’on comprenne ce qui l’a menée à devenir toxico. La construction narrative du roman est menée d’une main de maître, la découverte du personnage est progressive et le lecteur suit à la fois, l’amélioration de l’état de la jeune fille mais aussi le sens inverse, sa décente aux enfers.

Le lecteur devient voyageur et il est introduit dans un monde d’excès et d’extrêmes. On serait tenté de détester ces adolescents nés avec une cuillère en argent dans la bouche, on serait tenté de les juger aussi mais Juno Dawson réussit à les rendre attachants, elle nous permet de les comprendre et à être ému par leurs histoires. Au centre Clarity, ces jeunes ne sont plus fille ou fils de mais tout simplement des enfants perdus qui cherchent à se reconstruire. Ils sont blessés, torturés et l’auteure nous offre un arc-en-ciel de personnalités.

Il se dégage beaucoup de force, de maturité et d’émotion de Clean. Le roman donne à voir la vilenie du monde des adolescents qui grandissent dans un environnement trop permissif, où les figures parentales ne sont pas toujours présentes, ces enfants livrés à eux-même et entre les mains desquels on met une carte de crédit. Ils s’adonnent à tous les vices. Le monde de Clean fait écho aussi à notre société qui nous pousse chaque jour vers l’addiction. Juno Dawson décortique, lobotomise cette addiction dans un récit percutant et profond, à travers une plume tranchante. J’ai adoré, à lire d’urgence.

« L’addiction est un pistolet chargé… et pourtant, il reste inoffensif tant que personne ne s’en empare. Alcool, drogue, nourriture, sexe… ces choses ne sont pas nécessairement nocives en elles-mêmes… Ce qui doit nous préoccuper, c’est nous-mêmes, et nos compulsions. »

Djihane S.

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