Avis

Frank-Li est tiraillé entre son héritage coréen et sa vie à l’américaine. C’est ce qu’on appelle un LIMBO. Ses parents exigent de lui une réussite scolaire qui le mènera aux meilleures universités et donc à une carrière qui lui rapportera beaucoup d’agent, mais surtout, de ne se mettre en couple qu’avec une coréenne, s’il ne veut pas être renié comme sa sœur. Quand il tombe sous le charme de Brit, il enchaine les mensonges et se risque même de faire croire à sa famille qu’il sort avec une autre Limbo: Joy. Cette dernière vit la même situation que lui. Tout cela va engendrer une véritable remise en question dans le cœur de l’adolescent.

« Mais est-ce qu’ils sont si dingues que ça ? On a tous envie de pouvoir simplement aimer qui on veut. »

Dans l’ensemble, j’ai bien aimé ce roman pour les problématiques dont il traite. J’avais de la peine Pour Frank, né aux Etats-Unis, qui avait du mal avec la rigidité et le racisme de ses parents. C’est un cercle vicieux et sans fin de rejeter ceux qui nous rejettent. Cette situation peut d’ailleurs s’appliquer à tous les adolescents qui ont une double culture et ce n’est pas évident pour eux de se positionner, comme notre héros, sans trahir leurs origines ou se trahir eux-mêmes. La quête identitaire de Frank-li passera par la romance et ses choix d’avenir. Jusqu’où l’emprise de ses parents sur sa vie va-t-elle ? Et quel(s) choix peut-il vraiment faire par lui-même? C’est donc en s’interrogeant sur l’amour que notre protagoniste va murir. Je trouve juste dommage le fait que j’ai trouvé ces 512 pages bien longues à lire. David Yoon, en plus de son intrigue principale, essaye d’aborder d’autres sujets sans forcement les exploiter en profondeur et cela ne fait que rajouter des longueurs au texte.

« Je ne sais pas ce qui serait le pire : sortir avec une fille que mes parents détestent, ou avec une qu’ils adorent. Être rejeté ou être surveillé de trop près. »

Frank-Li est un personnage attachant et je n’ai pas eu du mal à comprendre. J’ai moi-même une double culture et même étant adulte, il n’est pas toujours évident de trouver l’équilibre entre les deux. Il demeure un adolescent qui a envie de s’intégrer sans pour autant trahir ses origines et donc ses parents. Ces derniers peuvent choquer à cause de leur communautarisme extrême, je n’essaye pas de leur trouver des excuses mais quand on vit dans un pays dont on ne maitrise pas forcement la langue et les mœurs, et où on l’on subit le racisme au quotidien, on peut vite se refermer sur soi au lieu de vouloir s’intégrer. De ce fait, avant de les juger, il est nécessaire de comprendre leur attitude. De plus, je ne pense pas que l’auteur ait voulu les stigmatiser mais plutôt nous offrir un contexte immersif pour essayer de les comprendre.

En somme, malgré les longueurs du texte, certains sujets abordés qui n’ont pas été approfondis, Frankly in love a le mérite de mettre en lumière certaines problématiques actuelles: le racisme, la pression familiale, le communautarisme, la double culture et la recherche identitaire qu’elle induit, etc. J’ai donc bien aimé cette découverte.

Djihane S.